risques liés aux implants mammaires

Les risques liés aux implants mammaires font couler beaucoup d’encre dans les médias actuellement.

Nous croyons important d’éviter de tomber dans du sensationnalisme en comprenant mieux les complications potentielles des implants.

D’abord, tout implant chirurgical (genou, hanche, injectables tels acides hyaluroniques, etc.) comporte des risques. La décision de recourir à un implant devrait passer par une réflexion qui relativise les bénéfices recherchés versus les désagréments ou complications potentielles.

Bien entendu, lorsqu’il s’agit d’une intervention qui n’est pas médicalement requise, comme ce qui est le cas pour les implants mammaires, la tolérance du milieu scientifique et régulateur (offices de contrôle gouvernementaux [Santé Canada, FDA]) est très faible.

Il y a eu un moratoire en Amérique du Nord sur les implants mammaires en silicone suite à des allégations multiples de séquelles diverses. Ce moratoire d’une période de plus ou moins 10 ans a permis de démontrer l’innocuité des implants silicone pour la santé générale. Ces études ont été effectuées par de nombreuses spécialités médicales et ceci d’une façon indépendante des compagnies produisant des prothèses mammaires.

Ces études ont clairement démontré qu’il n’y eût pas plus de risques pour des maladies auto-immunitaires ou pour développer un cancer de tout type confondu suite à une augmentation mammaire avec prothèse de silicone comparativement à une population équivalente non opérée. Au contraire, pour une raison que l’on ne n’expliquait pas, on notait une diminution de pratiquement tous les types de cancers sauf pour deux types qui n’étaient pas associés aux seins.

Quant aux maladies auto-immunitaires, le risque était le même chez le groupe contrôle. Comme l’âge moyen où la femme procède à une augmentation mammaire est le même que celui où apparaissent les maladies auto-immunitaires, une femme avec implants peut développer une maladie auto-immunitaire sans qu’il y ait de lien de cause à effet.

 

Le Lymphome anaplasique à grandes cellules [LAGC-AIM]

Tout récemment, des cas de cancers associés aux implants ont été rapportés dans le milieu médical mondial : le lymphome anaplasique à grandes cellules [LAGC-AIM]. Jusqu’à ce jour seulement, 625 cas ont été déclarés.

Malheureusement, 16 cas ont mené à des décès ; une conséquence surtout du fait qu’ils ont été pris en charge tardivement, car ce type de cancer était jusqu’alors inconnu. L’analyse de tous ces cas a permis aux épidémiologistes de remonter à un élément causal très probant soit : la texture macro-rugueuse de certains nouveaux implants (on pointe actuellement la compagnie Allergan avec ses prothèses en silicone de marque Natrelle).

Parlons statistiques de risques

Ici, il faut introduire le terme de micromort : 1 micromort est une unité de risque et est égale à 1 décès sur 1 million de patients ou individus.

– Le risque de développer un LAGC [Lymphome anaplasique à grandes cellules] chez une patiente ayant 2 prothèses texturées est de 4 décès sur 10 millions soit 0,4 micromort. [1]

– Comparativement, le risque de décès suite à une journée de ski est de 0,8 micromort. Donc, le risque de décès suite à plusieurs heures de ski est 2 fois plus important que de porter des prothèses texturées pour toute une vie.

– Boire 1 seule fois 0,5 litre de vin rouge ou marcher 27 kilomètres comporte un risque de décès de 1 micromort.

 

En Amérique du Nord, 80 % des implants installés chez les patients sont des implants salins. Également, la majorité de ces prothèses sont de nature lisse et non texturée et encore moins macro texturée. Les implants texturés sont utilisés surtout pour les cas de révision chirurgicale et pour la prévention de contraction capsulaire, personnellement je n’utilise pas d’implants texturés. Donc les risques liés aux implants mammaires de ce type-là ne concernent pas mes cliniques. 

 

En résumé : pas de panique

Les chiffres concernant les risques liés aux implants mammaires ne sont pas directement liés au développement d’une maladie auto-immunitaire.

Les LAGC sont excessivement rares et s’il y a confirmation que ceux-ci sont exclusivement liés à certains implants macro-texturés [de toute façon une petite minorité des implants utilisés], nos agences de contrôle [Santé Canada et FDA] vont certainement prendre les mesures nécessaires pour corriger la situation.

 

[1] Aesthetic Surgery Journal, Volume 37, Number 8, September 2017, Pages 855-973, p. 889.